Elle a traversé le pays d'Est en Ouest et maintenant Eliza Dushku est chez elle avec les angelinos.

LOS ANGELES - Quand la température attend les 38°C là-bas, et que les collines de Hollywood sont enveloppées d'une brume nocive, l'intersection de Melrose et Fairfax est le dernier endroit où vous souhaitez vous trouver.

Mais dans une petite mini-jupe, un haut sans manches et des talons hauts, l'actrice Eliza Dushku apparaît pas dérangée par la chaleur, même quand son compagnon, un golden retriever bien portant du nom de Max Factor, tire sur sa laisse, à la recherche d'un coin d'ombre.

Dushku est trop occupée à marchander. Elle veut acheter un de ces masques africains disposé sur le capot d'une vieille Pontiac, et elle veut un bon prix.
"Ça vient du Cameroun ?" demande t'elle au vendeur. "30$, ça va ?"

Dushku, 25 ans, fait du shopping dans ce marché aux puces du nom de Melrose Trading Post depuis qu'elle a déménagé à Los Angeles il y a 8 ans. L'argent qu'elle a gagné en faisant 2 séries TV, "Buffy contre les vampires" et "Tru Calling", et avant dans des films comme "Soul Survivors", "Bring It On" et "Bye Bye Love", a été échangé ici contre des antiquités et de l'art.

Le marché éclectique, une collecte de fonds permanente à côté du lycée de Fairfax est le premier arrêt sur une visite guidée qu'Eliza Dushku nous fait de sa ville d'adoption, depuis Muscle Beach jusqu'à la villa/musée d'art Getty. Au départ ambivalente concernant Hollywood, elle s'est habituée à cet endroit ces dernières années, et cela se voit alors qu'elle roule tranquillement en ville dans sa Mercedes noire convertible CLK500.

"C'est certainement une virée tape-à-l'oeil" explique Dushku, qui conduisait une Jeep de 1989 quand elle est arrivée à LA. "Mais on ne vit qu'une fois, et c'est fun de traverser les collines la nuit avec la capote retirée".

Alors que nous flânons à travers le marché - passant une horloge Mao, un vieux fauteuil en osier et un tas d'habits vintage - il est clair que Dushku a un côté très décontracté. Elle a meublé son premier appartement à LA avec des pièces de ce genre trouvées ici, et elle continue à se fournir ici maintenant qu'elle possède une maison de 280 m2 à Laurel Canyon, un pavillon de style espagnol auparavant habité par Grace Slick du groupe Jefferson Airplane.

"Celles-là rendraient bien dans mon salon" nous dit Dushku en admirant deux grandes oeuvres abstraites peintes par un jeune débraillé portant un maillot de basket trop grand et des lunettes de soleil d'aviateur.

Pas du genre à dépenser de l'argent inutilement, l'économe Dushku m'explique qu'elle ne fait jamais les magasins sur Rodeo Drive (quartier très chic de LA), préférant acheter ses vêtements au magasin Target (qu'elle prononce "Tar-ZHAY") sur Santa Monica Boulevard, et dans deux boutiques tendances sur La Brea Avenue : American Rag et Bleu.

"J'ai quelques marques, mais je cherche toujours les bonnes affaires" dit-elle. "Je peux franchement dire que j'ai eu toutes mes Manolos (marque de chaussures) en solde".

Pour terminer, Dushku, qui a déjà acheté un masque africain, deux grandes photos encadrées et une copie du livre "Naked" de David Sedaris, décide d'acheter les peintures. Mais elle explique à l'artiste, Jim Varketta, qu'elle va quitter LA dans quelques jours pour tourner un film en Espagne ("Open Graves"), donc il devra les livrer chez elle dès que possible.

"Pas de problème" répond Varketta, en écrivant son adresse.

Notre étape suivante, heureusement, est la plage - Venice Beach. Bien que ce soit devenu une attraction clichée de la côté californienne, la promenade bohémienne est particulière pour Dushku car elle fait partie des premiers endroits qu'elle a visité quand elle est arrivée ici. Le dimanche, elle et son agent, Joanne Colonna, louaient des rollers et faisaient des allers-retours sur l'esplanade.

Nous commençons au Candle Cafe & Grill, un des nombreux bistrots le long de l'esplanade, où Dushku commande des pancakes, des fruits et du café. Assis à la table d'à côté, un homme très fort et tatoué fume un énorme narguilé avec sa petite-amie. La chanson "Midnight Rider" des Allman Brothers peut être entendue par dessus le vacarme.

"Je ne sais pas si c'est le narguilé ou quoi, mais ce sont les meilleurs pancakes que j'ai jamais mangé" nous souffle Dushku alors qu'un serveur en dreadlocks lui ressert du café.

Alors que les voyous et les habituels rollers de Venice passent, Dushku nous parlent du match des Dodgers de Los Angeles (baseball) de la soirée d'hier. Bien qu'étant une supportrice dévouée des Red Sox, Dushku est amie avec plusieurs joueurs des Dodgers - surtout avec le lanceur Brad Penny - et connait Tagg, le fils du gouverneur Romney (qui est le vice-président marketing des Dodgers) depuis qu'elle est petite.

Du coup, quand l'équipe joue chez elle, Dushku et ses amis se rendent parfois à Chavez Ravine, le quartier où se trouve le stade de Dodger, et regarde le match, gratuitement bien entendu et à de très bonnes places juste derrière la base.

"On passe de très bonnes soirées en allant à un match" dit-elle. "Je ne sors pas en boites de nuit. La musique est tellement forte et l'alcool est tellement une partie intégrale de cette expérience que les personnes ne parlent même plus entre elles".

Dushku nous propose de louer des vélos - cela coûte 10$ pour 2 heures - et de pédaler quelques centaines de mètres jusqu'à Muscle Beach, la club de musculation qui a attiré les bodybuilders bronzés depuis des décades. Tout le monde depuis Jack La Lanne jusqu'à Franco Columbu est passé par ici, et une rumeur parle d'un autre ancien régulier connu, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, qui pourrait venir faire une apparition pour sa campagne aujourd'hui.

Justement, alors que nous y arrivons, plusieurs hommes en noir - la sécurité rapprochée du gouverneur - entourent l'endroit où les musclors font étalage de leur force, et Schwarzenegger sort d'une longue voiture noire. Dushku n'en revient pas de notre chance : quand elle avait 12 ans, elle a joué la fille de Schwarzenegger, Dana, dans le hit au box-office "True Lies".

Mais essayer de s'approcher du gouverneur, qui est très occupé à serrer des mains musclées, se trouve être une tâche difficile, donc nous laissons tomber la foule de shootés aux stéroïdes en sueur et remontons sur nos vélos. Alors que nous retournons dans l'autre sens, des avions passent au dessus de la plage tirant des bannières pour la promotion de nouvelles séries TV et de films. Le résultat est agaçant, et Dushku reconnaît qu'il y a de meilleures plages pour se baigner et traîner.

L'une de ses préférées est Zuma Beach, à 30 kms d'ici en remontant l'autoroute de la côte Pacifique jusqu'à Malibu. Zuma n'a pas seulement du surf spectaculaire, la bande de sable blanc longue de 1500 mètres est globalement non gâchée par le tourisme. C'est également tout prêt de l'un des restaurants préférés de Dushku, The Reel Inn, une paillote toute simple qui sert des fruits de mer où elle emmène ses amis de Boston.

"Tu choisis ton poisson et ton accompagnement, puis tu t'assois à une table de picnic et tu bois une Corona fraiche" explique Dushku. "La dernière fois que j'y suis allé, nous avons ensuite été sur la jetée de Santa Monica et nous avons fait un tour dans la grande roue. Ça sonne un ringard, je sais, mais on s'est tellement amusé".

Comme nous ne sommes pas très loin, Dushku nous recommande de faire un tour à la villa Getty, qui a récemment réouvert après un lifting de 8 ans et 288 millions de dollars.

Le problème est que les visiteurs sont supposés acheter leurs tickets en avance.

"Peut-être si je les appelle et que j'utilise mon nom ?" dit-elle. "Ils accueillent toujours des acteurs et des gens du showbizz".

Elle a raison. Après quelques appels, nous sommes accueillis à l'entrée par un membre de l'équipe, qui nous accompagne pour une visite de la villa magnifique du magnat du pétrole J. Paul Getty, 25 hectares rempli d'antiquités grecques, romaines et étrusques. Construite pour ressembler à une maison de campagne du premier siècle romain, la villa a ouvert en 1974 et a fermé pour rénovations en 1997.

Dushku, qui a beaucoup voyagé pour son travail et plaisir, discute des bustes romaines et des marbres d'Elgin alors que nous nous promenons sur le péristyle extérieur, le plus grand et plus élaboré jardin du musée rempli de plantes - laurier, buis, myrte et lierre - ainsi qu'un spectaculaire bassin réfléchissant de 70 mètres. Quand nous arrivons dans un atelier de confection de couronnes de fleurs, Dushku fabrique une couronne qu'elle porte ensuite pendant une très bon déjeuner composé d'une soupe toscane et une salade au café du musée.

"De quoi j'ai l'air ?" demande t'elle. "D'une déesse ?"

Parce qu'elle part en Europe dans un jour ou deux, Dushku doit rentrer chez elle pour préparer ses affaires. Notre dernier arrêt est le magasin du Laurel Canyon Country, une épicerie sensass pas très loin de chez elle. Mentionné dans la chanson des Doors "Love Street" — "I see you live on Love Street / There’s this store where the creatures meet / I wonder what they do in there" — le petit magasin hippie est presque une institution à LA.

Dans les années 60, Joni Mitchell, Franck Zappa et Three Dog Night se sont produits sur le patio, et le magasin est aussi apparu dans des films devenus des classiques comme "Sunset Boulevard" et "The Fog". Dushku achète un ensemble d'encens à la sauge et une bouteille de All Shook Up Sauvignon Blanc alors que je regarde une photo dédicacée de Priscilla Presley - pré chirurgie esthétique bien sûr - qui est accrochée derrière le comptoir.

"Quand j'ai déménagé ici, je n'avais pas le sentiment d'être à ma place à LA, et à chaque fois que je retournais à Boston, je disais aux gens ici, je rentre chez moi" nous dit Dushku. "Mais depuis que j'ai acheté ma maison, tout ça a un peu changé. Je me sens bien ici maintenant".

Cela étant dit, elle remonte au volant de sa Mercedes noire et reprend sa route dans les collines de Hollywood.